Agenda fin août 2020, à peu près.
je lis comme je respire : des documents sur la culture underground allemande avant la chute du mur, des essais sur la science-fiction soviétique avant la fin de la guerre froide, des articles sur les possibilités et méthodes – pour une femme – de réussir à faire une traction, des analyses du caractère psychologique d’un personnage de série télé que je n’ai pas regardé, des romans, …
et amine maalouf.
auteur dont j’ai quasi tout lu, dévoré, digéré, réfléchis, intégré. les écrits d’amine maalouf font partie de l’adn des parties de mon cerveau et de mon cœur qui porte un regard (que j’aimerais éclairé) sur le monde.
il parle de l’orient, d’amitié, de famille, de destinées, de guerre, de l’incompréhensible incompréhension entre peuples, tribus ou communautés d’humains….
il parle aussi de l’histoire, de philosophie, de psychologie des vaincus, il parle des arabes et des juifs et des occidentaux et de tout ce qui les sépare ou les rapproche. il se fait l’avocat de cet “autre” incompris et donc détesté.
j’ai eu la grande chance, vers 15 ans (âge où le cerveau malléable se nourrit de ce qu’il régurgite le reste de sa vie) de tomber sur son roman “les croisades vues par les arabes”.
il m’a donné pour toujours cette disposition de tenter de me mettre à la place de l’autre pour comprendre. et il m’a – pour toujours – appris à ne pas appréhender une question d’importance par le seul prisme d’un parti pris.
c’est grâce aux milliers de pages écrites par mr maalouf que j’ai tenté, chaque jour, de me défaire des pensées que l’on attendait de moi parce qu’arabe, parce que issue d’une famille musulmane, parce que née en belgique, parce que francophone, parce que femme, ….
mais c’est grâce à lui également que j’ai appris à étreindre et chérir ce que j’estime bon dans toutes ces cultures qui m’ont été transmises par la conjonction du lieu, de l’époque où je suis née et des parents dont je suis issue.
il y a quelques années, amine maalouf a écrit un autre excellent roman, au titre en jeu de mots, mais tellement prémonitoire de cette année 2020 : les désorientés…
c’est un peu comme ça que je me sens ces temps-ci. je ne sais que croire, entre les théories du complot qui fleurissent à chaque coin de rue et les réalités qui semblent avoir été imaginée dans l’esprit d’un complotiste. au milieu de tirs de scuds sur les réseaux sociaux de la petite intelligentsia francophone de gauche divisée entre d’un côté ceux et celles traités d’islamistes et de l’autre d’islamophobes ou de fachos (pendant que les vrais continuent leur merde quelque part, loin de notre attention), en vivant en temps réel les changements climatiques, témoin de la démocratie qui succombe, vivant un moment, temporaire je l’espère, où il est interdit de danser, où les services de police surveillent les tenues plutôt que la criminalité, et s’en donnent à cœur joie sur toute tête qui ne leur revient pas… je suis un peu perdue, désorientée.
lire amine maalouf, c’est aussi découvrir le pays du cèdre, le liban… pays que je ne connais que grâce à la vitalité de sa scène artistique, un endroit du monde qui a toujours su être généreux en artistes talentueux. pays qui pourtant va de crise en crise depuis des décennies (depuis toute ma vie)…
la dernière crise, je devrais dire les dernières crises de cette année 2020 : effondrement financier, covid (comme pour le reste du monde) et explosion dans sa capitale.
alors on ne va pas très bien chez nous niveau culturel et festif, et j’ai du mal à en parler.
malgré tout, je me trouve embarquée dans l’organisation d’un petit événement au recyclart : c’est dans le cadre de la clôture de leur festival manchester plage, et c’est pour une levée de fonds pour les habitants d’un quartier de beyrouth (remeil), où rodolphe, avec qui j’organise cela, a des amis. des artistes, des citoyennes, des gens qui vivent là, qui aiment leur quartier, qui se battent pour le préserver, qui se serrent les coudes pour s’entraider face aux événements : entre besoin de médicaments, nécessité de reconstructions et volonté de toujours regarder vers l’avenir…
quelques dj’s de bruxelles ont accepté de nous aider en passant des morceaux. paraît qu’on ne peut pas danser. j’ai quand même envie qu’on se rejoigne, qu’on se regarde, qu’on se sourit et qu’on se tende la main.
je te donne rendez-vous le vendredi 28 août au recyclart, donc.
autres coups de coeur de l’agenda :
le samedi 22, dans le jardin des ateliers mommens : “ne mosquito pas”, où des artistes explorent les échecs dans un monde néo-libérale qui mise tout sur la réussite.
le jeudi 27, les filles du mothers&daughters (café temporaire de la scène lesbienne, qui n’a plus de lieu pour l’instant) invite à une après-midi sur bateau. au programme performances, slam poetry et un peu de danse…
le samedi 29 août, à la hôte gallery, il y a les amis du collectif vimure et mon comparse de radio sosucks qui présentent leur projet commun “trinity”.
le dimanche 30 y a aussi seb rebel up qui va mixer à anderlecht.
jusqu’au 30 août, dans la vitrine de nicc tu peux découvrir le travail de deux artistes sarah & charles : “the heads”. découvrir derrière une glace un avatar de leur tête, symboliquement je trouve que ça représente bien l’époque où l’on nous invite à nous regarder de loin….
et faut voir aussi :
decoratelier avec une programmation riche et hybride dans leur cour pour les jours où il ne pleut pas
sainklet, qui a créé une terrasse sur le quai (derrière kanaal) et invite quelques bons djs à nous passer des disques.
au parc royal : toujours cool de se poser à quelques pas du kiosk radio et d’écouter les dj sets en buvant une boisson fraîche.
je suis heureuse de te préciser qu’il y a plein d’autres choses, même si tout cela ressemble fort à des histoires sans lendemain et sans profondeur après la fin d’une grande histoire d’amour… en espérant qu’une nouvelle commence bientôt…
prends soin de toi quoi que tu penses, où que tu sois, quoi que tu décides de faire.
yelyam
photo de couverture : quelques livres que je feuillette, lis ou me remémore….
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