Agenda 08/03 – 14/03/2017
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“Avec Yam, si on discute autant, si on se questionne, c’est parce qu’on laisse la place au doute. On pourrait croire que parce que nous évoluons dans le milieu alternatif, on est à l’abri de la misogynie, du patriarcat ou du harcèlement. Bah oui, après tout, on est certainement tous de gauche, militants donc ouverts et tolérants hein ? Force est de constater qu’il y a des cons partout, et que dans nos cercles aussi, les nanas se retrouvent exposées aux commentaires et actions sexistes.
Je reviens sur le doute. C’est plutôt sain, le doute. Il nous permet de remettre en question ce qu’on croit acquis, et de renouveler notre engagement une fois convaincues. Alors qu’aujourd’hui on voudrait nous faire croire que nos droits en tant que femmes sont solides, parce qu’on a obtenu le droit de vote, celui à l’avortement, le divorce par consentement mutuel, l’accès au travail et plus récemment, en 2010 une loi contre les violences faites aux femmes; il est important de se mobiliser. En pratique, ces droits restent fragiles, nous dénonçons un mouvement réformiste qui n’a pas obtenu grand-chose à part une reconnaissance politicienne. Alors informons-nous, rassemblons-nous, et discutons.”
Cécile et moi, ça fait des mois que nous avons ce dialogue perpétuel à propos de nos boulots, de l’amitié et des dynamiques relationnelles, nos croyances, nos défaites, nos espoirs, nos amours, les événements qui nous touchent, les choses qui nous amusent, qui nous font mal.
Nous parlons aussi de sport, de vêtements efficaces et beaux, de porter ou pas un soutien-gorge, de la dernière huile essentielle fabuleuse pour le dernier de nos petits maux, de détails hyper techniques pour placer correctement sa coupe menstruelle. Nous abordons aussi la question de notre place dans l’espace public, nos angoisses (parfois hypocondriaques), des choses que nous pourrons continuer à faire quand on sera vieille (oui, le sexe en fait partie).
Nous discutons de notre féminité, et l’image qui en ressort ne ressemble pas à celle des magazines en papier glacé (enfin je crois, en vrai, je ne sais pas car je n’en lis jamais). Nous nous posons des questions sur la prostitution (et si on a le droit ou pas d’en parler), le consentement, le harcèlement, le désir, ou de tout le mal que l’on pense des mecs chauves (elle), ou trop barbus (moi). Nous abordons les questions de notre indépendance, de la liberté, de la démocratie, de certaines recherches scientifiques, de notre administration et la tenue de nos comptes, de certaines actualités politiques, du dernier livre que l’une ou l’autre à aimé, de nos envies d’escapades…
Oui, notre conversation a des milliers d’heures au compteur. Et elle est remplie de passion, de bienveillance, parfois même de poésie, voire de candeur dans certains cas (mais jamais de cynisme).
Aujourd’hui, parce que c’est le 8 mars, je collabore avec elle pour t’offrir des idées de sorties. Parce qu’avec Cécile, il nous arrive aussi de parler culture, sorties, art, musique, usage des drogues, et tout ce qui peut tourner autour du monde de la nuit.
08/03
Exposition : “IN PACT” de Najiba Tani @ Le Brass
C : J’aime pas le slam, mais “Fuck you Bitch” ouais ça donne envie d’y aller.
Y : Ah ouais ? ça te choque pas qu’on dise “Bitch”?
C : Non, je suis vénère.
Y : C’est clair que c’est du second degré, j’imagine que c’est pour dénoncer l’usage de ce genre de termes.
C : On n’a pas plus d’info? Attends je clique sur le lien…
Ah ! En fait, il faut y aller pour voir le travail de Najiba. C’est organique et sombre et féminin. Tout comme le sujet qu’elle traite : le développement des femmes dans une société où le rapport au corps et à la féminité est souvent malmené. A cela s’ajoute la filiation. Nous te laissons découvrir ça.
Expositions :
“Dalonaz” @ Royal et “Lagunas” de Laura Colmenares Guerra @ Imal
Petit jeu : cite-moi, là, maintenant, sans réfléchir, trois artistes plasticiens que tu kiffes.
C’est fait ?
Bon nous ne sommes pas devineresses, mais il y a fort à parier que les premiers noms qui te sont venus à l’esprit sont des hommes. C’est bizarre, hein ? Culpabilise pas trop, nous avons fait le test aussi… Pas mieux.
Du coup, nous posons la question, ouvertement et sans jugement : où sont les nanas ? Plus précisément : pourquoi sont-elles moins représentées? Nous essayons simplement de comprendre les raisons rendant encore possible le fait que les oeuvres produites par des femmes ne représentent qu’entre 3 et 5% des collections permanentes en Europe et aux USA, alors que les femmes sont majoritaires dans le domaine (51% des artistes plasticiennes, et oui !).
Cela dit, nous t’encourageons à aller voir l’expo collective organisée par Brice Guilbert dans son atelier. Brice invite ses potes et des artistes dont il apprécie le travail (il est également le fondateur de Island, il a donc une certaine habitude du travail curatorial). Dans la liste 34 artistes dont….7 femmes. Nous ne jugeons pas, c’est une simple illustration dans l’actualité artistique de la semaine (et c’est parfois bien pire). Nous passerons aussi à l’Imal, découvrir l’exposition solo de Laura Colmenares Guerra – Lagunas.
Restons optimistes : il existe des initiatives pour modifier la perception du public. Par exemple le National Museum of Women in the Arts à Washington DC.
A bonne entendeuse… (purée, même la correction automatique rejette ce mot – y a du boulot ! Nous avons vérifié : c’est un mot exclusivement masculin qui se définit par “Celui (!!) qui comprend bien quelque chose”! Chaud !).
Public discussion : “On Stereotyping, implicit bias and our responsibility” by Dr. Katrien Schaubroeck @ Beursschouwburg
Nous pousserons l’interrogation lors de la conférence organisée par le Beurs, le même jour, intitulée : On Stereotyping, implicit bias and our responsibility. Katrien Schaubroeck entend développer l’impact actuel de nos stéréotypes et questionne notre responsabilité dans l’élaboration de ceux-ci. Tout cela sans culpabilisation.
Manifestation pour le droit à l’avortement @ 12h – Rond-Point Robert Schuman
Parce que ça fait chier qu’on en soit encore à se battre pour ça. No comment.
SpaceWomenUnited @ Le Space
Toujours le 8, au Space, trois workshops sont proposés par des femmes et pour les femmes (cis/trans genderfluide et leurs complices) sur l’activisme féministe. Les hommes cis, qui aimeraient en être, sont exclusivement conviés à apporter leur aide à la préparation du repas et à la garde des enfants. Nous espérons qu’ils tiendront le coup et nous leur disons merci d’avance.
Festival La Belle Hip-Hop @ Divers lieux
Souterrain Productions propose le festival La Belle HipHop et cela nous plait bien !
8 lieux, 8 femmes en provenance de 8 pays, toutes issues de la scènes HipHop s’emparent du Bota dès le 8 mars. Nous aimons bien l’idée d’un hip hop toujours plus contestataire et exclusivement féminin. Dans le programme du festival, rendez-vous est pris au centre culturel Jacques Francq le 10 pour la projection du documentaire All the Ladies Say. Un film (et tout un festival) qui parle d’arts urbains au féminin, ça nous tient d’autant plus à coeur que notre place dans l’espace public reste limité. L’art pour se réapproprier celui-ci.
11/03
Documentaires :
Electro Chaabi @ Alleedukaai et Rage @ Flagey
Le hip hop traîne sa sale réputation misogyne, comme si, à contrario les autres genres ne l’étaient pas… Nous avons trop souvent entendu les récits de nos copines artistes qui s’énervent sur le dernier crétin qui pensait qu’elle ne saurait pas brancher sa guitare alors qu’elle tourne depuis plus de quinze ans sur des scènes internationales ou encore cette autre qui veut simplement louer du matériel auprès du service – public – location de la Cocof et qui s’est fait prendre pour une Coconne tout au long de la conversation et on lui demande à la fin si en plus elle ne voudrait pas qu’on la tienne par la main…. Putain, les gars, quoi….
L’électro n’échappe pas au phénomène. On voit fleurir ces dernières années de plus en plus de documentaires, à la fois nostalgiques et beaux. Nous irons voir Rage à Flagey (sur les débuts de l’Acid) ou peut-être Electro Chaabi à l’Alléedukaai (sur la scène électro égyptienne). Ce qui ne veut pas dire que nous pensons naïvement que les scènes électros ne sont pas entachées de misogynie… C’est vrai que certaines le pensent et vont jusqu’à prétendre que le sexisme est d’un autre temps. Nous avons failli y croire. Jusqu’à tomber sur ça. Et plus sérieusement, sur ceci.
Heureusement, elles luttent et elles nous donnent des trucs et astuces à la porté de tous pour combattre le sexisme du milieu.
Ça met du temps d’écrire à quatre mains, surtout que nous papotons plus que nous écrivons… Dans notre liste coup de coeur de la semaine, il y a aussi ces évènements-là et bien sûr, le calendrier avec quelques idées de plus.
A partir du 8 mars
Festival Offscreen @ Cinéma Nova
9/03
Exposition “Street People” de Joseph Sinisi @ Théâtre Marni
10/03
Chants de Luttes présente le Cabaret féministe, 2e édition ! @ La Maison du Livre
Performance: Festival Brussels Dance – Avant-première de “This Kind Of Bird Flies Backwards” de Natalia Pieczuro @ Garage 29
11/03
Back To Books #2 : “L’ensauvagement” @ La Bellone
Concerts : 25 years of Moacrealsloa @ Ateliers Claus
with Baleine 3000 (b/jap), The Lama Home Band (b), Kohier feat. Jürgen de Blonde & Brecht Ameel (b) + Maoupa Mazzocchetti (b)R
Cécile & Yelyam
Photo de couverture : Autocollant Women, Plaça de Catalunya, Barcelone – Novembre 2016
This week’s article was co-written together with my friend Cécile. It’s part of an endless conversation that we both have about a large variety of subjects: from our careers to our friendship, our health, ethic, values, stories, and many many more. While I usually write myself and then translate, it’s harder to do it for such an article. I have the feeling that something get lost between our common work and my tentative translation.
So for once (but not the first time actually) : I’m not doing the translation and let you discover either in French either with the automatic translation’s tool of your navigator…
And as usualy you have more recommendations on the calendar.
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